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Une climatologue aux ambitions mondiales

Braver la force du vent et des vagues et développer les énergies renouvelables pour sauver notre climat. Telle est la double mission d’Evelien Bolle, climatologue à temps plein et kitesurfeuse belge bien décidée à accéder au sommet du circuit mondial.

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Evelien est issue d’une famille de passionnée de voile. À sept ans à peine, elle affrontait déjà le vent et l’eau à bord d’un optimiste. Et quand le vent était trop fort et qu’il n’était pas question de sortir en mer, elle passait des heures à admirer les kitesurfeurs sur la plage. C’est là qu’est né son amour pour le kitesurf. “Je suis irrésistiblement attirée par les vagues. La force qui s’en degage et la manière dont elles se forment, grandissent et finalement s’écrasent m’ont toujours fascinée quand j’étais enfant et je trouve cela toujours aussi passionnant. C’est donc en toute logique que je n’ai pas opté pour le free style (figures techniques sur eau calme), le park style (figures techniques sur obstacles) ou le race kite mais bien pour le kite wave. Lire les vagues et surfer dessus me procurent une sensation incroyable.”

Evelien a appris les bases du kite sur de petites vagues à la côte belge mais comme elle voulait toujours s’améliorer – c’est aussi un de ses traits de caractère en dehors du port – elle s’est très vite rendue dans des endroits comme le Cap Vert ou Fuerteventura à la recherche de vagues bien plus compliquées.

L’idéal pour moi, c’est quand les vagues font 4 mètres de haut et se brisent joliment de gauche à droite avec un vent qui vient des terres ou un vent oblique venant de la plage, side-off comme on dit.

QUESTION DE CONTRÔLE


“Le kitesurf est bien plus raisonnable que l’avion. C’est un sport extrême, c’est vrai mais quand vous savez ce que vous faites, vous avez bien plus de contrôle que lorsque vous montez dans un avion.” Evelien s’est retrouvée une fois dans une situation délicate lors d’une séance de kite à l’île Maurice. “Les vagues ce jour-là étaient vraiment rapides et faisaient entre cinq et six mètres de haut. Elles déferlaient par série de quatre. Et à un moment donné, je me suis retrouvée au beau milieu d’un rouleau. Mon matériel s’est emmêlé et j’ai cogné ma tête contre la barrière de corail. Même si j’ai compris après un certain temps que j’avais besoin urgemment d’oxygène, je n’ai heureusement jamais paniqué et je suis finalement revenue à la surface où j’ai ressenti l’adrénaline couler dans tout mon corps. Ce n’est qu’à ce moment-là que j’ai remarqué que j’avais une sérieuse entaille sur la tête. Néanmoins, le midi même j’étais à nouveau sur ma planche. L’envie est tout simplement trop forte !.” Pour leur sécurité, les kitersurfeurs veillent à ne jamais être seuls.

La communauté du kite est aussi, selon Evelien, très serviable et accessible. “On partage la même passion et on parle toujours de la météo, des vagues et du matériel. Cela crée des liens forts.”

AU MILIEU DES DAUPHINS ET DES BALEINES


“C’est aussi à l’île Maurice qu’Evelien a vécu sa plus belle expérience de kite à ce jour. C’était en 2017, lors de sa première participation à une compétition mondiale. «C’était difficile et très exigeant mais aussi particulièrement beau. Gagner une compétition au niveau mondial est mon prochain objectif.”

QUAND LA PASSION DEVIENT UN SPORT DE HAUT NIVEAU


“Tout passe après mon sport. Je m’entraîne six fois par semaine et je n’ai fait que voyager ces dernières semaines pour m’entraîner et participer à des compétitions. Si les prévisions sont bonnes le matin, je commence à travailler plus tôt pour pouvoir m’entraîner encore quelques heures le soir. Même si les chances sont faibles d’avoir une météo favorable pour la pratique du kite, j’évite de prendre rendez-vous avec des amis. Je ne veux pas manquer la moindre opportunité de m’améliorer dans mon sport. Si le temps n’est alors pas favorable, je travaille l’agilité, le maintien et la puissance.” “Le sport de haut niveau est très exigeant. Après quelques blessures et de nombreuses séances de kiné, je cherche à optimiser mon programme d’entraînement physique. Cela demande aussi une grande force mentale : savoir se fixer des objectifs en début d’année et travailler ensuite en fonction pour atteindre son pic de forme au bon moment.” Financièrement, Evelien a besoin de son emploi à temps plein pour pouvoir exercer son sport correctement. “J’ai heureusement un métier qui m’offre non seulement la liberté nécessaire pour pratiquer pleinement mon sport mais également qui me permet aussi de faire quelque chose pour le climat. De plus, je peux aussi compter sur mes deux sponsors Icarus Kitesurfshop et Appletree Surfboards.”

Les Jeux Olympiques en 2024 ? Qui sait... L’année dernière, le CIO a annoncé que le kitesurf deviendrait une discipline olympique à partir des jeux d’été 2024 à Paris. Même si cela n’obsède pas vraiment Evelien – “le sport de haut niveau reste du sport de haut niveau, même sans label olympique ” – elle ne serait naturellement pas contre le fait de pouvoir se mesurer au gratin mondial. Mais pour le moment, elle préfère garder les deux pieds sur terre. “Il faut encore voir avec quel matériel on pourra participer. Il se peut que je n’utilise pas les tailles de kite autorisées. En plus, il faudra former des équipes nationales mixtes. Avec Christophe Tack, on a un champion du monde de free style en Belgique et le jeune talent Daan Baute, qui a 13 ans seulement, s’entraîne dur. Il n’est donc pas impossible que l’on présente une belle équipe belge à Paris.”

DES PETITS PAS POUR LE CLIMAT


“Avant ma formation, je pensais que le travail de bio-ingénieur supposait de passer beaucoup de temps à l’extérieur. Je me trompais mais c’est une formation très large qui correspond bien à mon intérêt pour la mer et le climat. J’avais déjà fait un travail de fin d’études sur les traités climatiques en sixième secondaire.” Aujourd’hui, Evelien travaille comme climatologue auprès de l’intercommunale de Flandre occidentale (WVI). Concrètement, elle aide dans un premier temps les villes et les communes à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, mais aussi à s’adapter aux vagues de chaleur et aux inondations provoquées par les changements climatiques. Evelien travaille du reste aussi sur un projet visant à augmenter la production d’énergies renouvelables sur les terrains industriels existants de Flandre occidentale. Une entreprise qui dispose d’une grande surface de toit pour des panneaux solaires pourrait ainsi aussi fournir de l’énergie à une autre entreprise voisine qui consomme beaucoup d’énergie.”

Si j’étais pessimiste, je ne ferais pas ce métier. Mais je trouve au contraire très encourageant de pouvoir agir plus rapidement au niveau local parce qu’on est plus proche du citoyen. Cela me donne le sentiment de vraiment contribuer à quelque chose. Et pour le reste, je suis plutôt du genre persévérante et ce, tant dans le sport que dans le travail. Je suis vraiment convaincue de notre volonté et de notre capacité à changer beaucoup de choses ensemble.

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