Avant toute chose, qu'entend précisément Argenta par durabilité ? La notion est en effet très large.

« Au départ, notre politique de durabilité reposait sur les trois piliers « ESG » classiques, à savoir l'Environnement, la Société et la Gouvernance. Cela n'était toutefois pas assez concret ni reconnaissable pour interpeller et mobiliser nos collaborateurs et nos agences. Avec nos stakeholders, nous avons alors décidé à un moment donné de renforcer notre accent sur la durabilité en partant de la spécificité et de la finalité de notre organisation. Dans une société de production, identifier les endroits de la chaîne où il est possible de travailler de manière plus durable est relativement facile. Dans une banque, c'est à première vue plus difficile, moins tangible. Mais si vous considérez l'argent, sous la forme d'épargne et de primes d'assurance, comme votre produit, vous comprenez alors très vite à quel point il peut s'agir d'un levier très puissant pour de grands thèmes de société. Chaque euro de chaque client peut être utilisé pour quelque chose de bon ou de mauvais, un choix que vous pouvez faire très consciemment en tant que bancassureur. Et Argenta entend prendre ses responsabilités, sans compromis. Nous sommes fiers de pouvoir contribuer à la transition durable grâce à notre activité spécifique et d'une manière qui nous est propre. »

Quelles sont les grandes lignes des ambitions d'Argenta en termes de durabilité ?

« Notre politique de durabilité est greffée sur ce qui nous anime depuis toujours. Nos objectifs en la matière sont étroitement liés à notre philosophie de base et à nos valeurs clés : proximité, esprit d'entreprise, pragmatisme et simplicité. En tant que bancassureur évoluant dans un monde extrêmement volatil, nous voulons relever trois défis majeurs en assumant nos responsabilités sans compromis envers nos clients, nos collaborateurs et la société en général. Nos actions se concentrent donc sur les points suivants : 1. lutter contre l'impact des changements climatiques ; 2. lutter contre l'analphabétisme financier et digital au profit d'une plus grande justice et égalité sociales et 3. protéger les clients et leur apprendre à se défendre contre l'insécurité, comme la cybercriminalité et la fraude. »

En quoi la notion d'entreprise durable est-elle importante pour vous ?

« Nos stakeholders ne nous laissent tout simplement pas d'autre choix. En tant qu'organisation avec un actionnaire familial et coopératif, Argenta a déjà effectué pas mal de choix durables sans le savoir par le passé. Pensez à notre culture « no nonsense » transparente, à l'importance que nous continuons à accorder à la proximité et aux contacts personnels au milieu de toute cette digitalisation, ou encore à la place que nous laissons pour l'esprit d'entreprise. Cela a créé un lien culturel fort avec nos collaborateurs et nos clients. Ces derniers penchent d'ailleurs plus vers la durabilité que la moyenne. Ne pas s'appuyer sur le caractère durable qui fait partie de notre ADN depuis si longtemps serait donc totalement illogique, avec en outre le risque de perdre des collaborateurs et des clients. »

Quelles actions concrètes prenez-vous pour limiter les effets du changement climatique ?

« Les banques et les assurances ne devraient pas coûter des arbres. C'est une devise en vertu de laquelle nous faisons tout pour réduire notre propre empreinte écologique. À travers une rénovation durable de notre siège, la réduction des déchets et du papier, un recrutement local et la stimulation de la mobilité durable, nous voulons être totalement neutres en CO2 d'ici 2030. Notre objectif intermédiaire pour 2023 est déjà atteint et même si la crise du coronavirus y a clairement contribué, nous comptons bien conserver cette avance.
En tant que banque, nous disposons bien sûr aussi, à travers nos produits, d'un levier encore plus puissant pour une société climatiquement neutre. Avec notre propre portefeuille d'investissements et nos fonds d'investissement, nous avons réduit nos positions dans les secteurs polluants pour l'environnement et choisi consciemment des secteurs en transition durable. Nous créons dans le même temps un impact positif en investissant dans des secteurs actifs dans la circularité, la biodiversité, etc. De nombreuses banques offrent la possibilité d'indiquer que vous voulez que votre argent soit investi dans des alternatives durables. D'ici 2023, cela sera tout simplement la norme chez Argenta. Tous nos fonds seront durables. 
Nous pouvons stimuler l'habitat durable grâce à des conditions de financement intéressantes pour les habitations présentant un niveau énergétique A ou B, sans toutefois perdre de vue la dimension sociale dans ce cadre. Investir dans l'isolation et les panneaux solaires n'est pas forcément donné à tout le monde… Beaucoup sont déjà tout heureux de pouvoir faire installer une nouvelle cuisine. Nous regardons comment nous pouvons encore les guider davantage vers une solution de logement plus durable car nous sommes convaincus que tout le monde a droit à un logement durable.
En ce qui concerne enfin nos assurances, nous jouons avec l'idée d'un health check dans nos polices : quels sont les risques d'inondation et de sécheresse et nos clients sont-ils suffisamment assurés dans ce cas ? Ces risques seront surveillés de plus près pour les nouvelles polices, et nous voulons bien conseiller nos clients sur la manière de s'en protéger.

Vous agissez aussi contre les inégalités sociales et la cyberinsécurité. Que faites-vous précisément ?

« Argenta est depuis toujours la banque de Monsieur-tout-le-monde. Nos produits sont donc simples et nos communications transparentes. Pour nous, une personne moins instruite sur le plan financier et digital doit pouvoir jouir de la même santé financière qu'une personne très instruite. Nous misons donc sur la prévention, la protection et l'alphabétisme financier et digital. Nous voulons aussi protéger nos propres collaborateurs en leur apprenant dès aujourd'hui les compétences et aptitudes de demain.
Une des initiatives concrètes dans ce cadre est notre Assistance sécurité en ligne, une assurance d'AXA Partners couplée à nos comptes bancaires. Celle-ci protège nos clients dans le cadre des achats en ligne et de la cybercriminalité. »

Dans quelle mesure vos stakeholders sont-ils impliqués dans votre politique de durabilité ?

« Nos objectifs de durabilité étant étroitement liés à la spécificité de notre organisation, ils sont aussi très tangibles pour nos stakeholders. Nous avons ainsi très régulièrement des échanges avec quelques gérants d'agence-ambassadeurs. Nous organisons aussi régulièrement des stakeholders surveys pour connaître les thèmes durables prioritaires. Si nos stakeholders donnent clairement un autre signal que celui que nous avons prévu dans notre plan d'action, nous procédons alors à une réévaluation et apportons les ajustements nécessaires. »

Comment faites-vous pour que vos ambitions de durabilité ne se transforment pas en greenwashing ?

« Nous sommes en effet très attentifs sur ce point. Une bonne politique de durabilité comporte selon moi trois niveaux et la conformité - ou compliance - constitue selon moi le « minimum olympique ». Comme les entreprises sont tenues de rendre compte de l'impact d'un certain nombre de variables durables, le greenwashing n'est pratiquement plus possible, même à ce niveau le plus bas. Le deuxième niveau concerne selon moi la crédibilité. Pour cela, vous devez regarder votre organisation d'un œil critique et la mettre au point le mieux possible. Sans cela, vous passerez vite à la trappe. En tant qu'entreprise, vous devez faire preuve d'humilité à cet égard, savoir qu'on apprend en permanence et que les ajustements font partie d'un processus continu. Nous avons une approche très pragmatique dans ce cas, empreinte de bon sens. Au lieu, comme le font du reste certaines institutions financières, d'exclure les entreprises en transition de tout financement, nous préférons une politique où nous faisons entendre notre voix et laissons notre empreinte par le biais d'investissements et de prises de participation pour qu'elles puissent effectivement réaliser leur transition. Sommes-nous parfaits dans ce cas ? Certainement pas, mais nous faisons de notre mieux, avec une grande ouverture d'esprit. La politique ultime de durabilité, enfin, pour moi, est une politique qui permet de démarquer votre organisation : votre politique devient alors la raison pour laquelle les gens vous choisissent. Nous pourrions, comme tout le monde, prétendre que nous sommes durables. Mais notre ambition est de reléguer progressivement le mot « durabilité » à l'arrière-plan de notre discours et de le remplacer par des récits authentiques de clients, collaborateurs et directeurs d'agence sur des points où Argenta fait vraiment la différence. Cette touche durable qui a toujours figuré dans notre ADN et constituera aussi le cœur de notre activité à l'avenir. »